D’argent, au dragon de sinople langué [8 février 2021].
« D’argent, au dragon de sinople langué,
armé et nimbé de gueules,
À la bordure de sable chargée de cinq étoiles d’or
brochant sur le tout »
I
Sur les dix océans et sur toutes nos terres
Qui succèdent à mille et tant d’horizons,
Vois s’étendant l’ombre lente et silencieuse
Quand l’océan des tombes sera son dernier lit
L’auguste roi n’aura pas tenu nos domaines :
Si tôt mais déjà passé dans l’ombre du monde ;
Et de nos seigneuries, les maisons silencieuses
Se tiennent à jamais sur le seuil de l’ébène
J’aurais bu tout le vin, de ma joie, de ma peine,
Et je veux ramasser toutes mes énergies
Pour que brûlent toutes les torches silencieuses ;
Mais le fils que je suis est un père à son tour
Et le père que je suis doit entourer d’amour
Le fils que j’ai été, et mon fils qui est
Doit apprendre à aimer avant de me pleurer ;
Il devra pour cela contempler son grand-père
Le roi, et son arrière-grand-père, le roi,
Dans les yeux par lesquels je le regarderai ;
Nos tours de cathédrale résonneront des chants
Pour célébrer nos fils, nos filles, nos enfants
Et célébrer ce père au-dessus de son front
En honorant mon père qui surplomba le mien ;
Où les vers des poètes s’élèvent sous nos yeux
Nos tours de cathédrale les monteront aux cieux ;
Tous les sept nous ferons un silencieux cortège
Tout au long du chemin nous le partagerons
Et nous terminerons par jeter dans les eaux
Les cendres d’un soleil qui ne brûlera plus ;
II
La bannière brochée d’étoiles silencieuses,
Maudites au matin de la mort de mon père ;
Les blasons tomberont sous la face du monde :
Couvrez jusqu’à l’oubli la langue du dragon ;
Mon frère le roi déjà entonna sur le monde,
D’une voix qui contient les voix de nos ancêtres,
Se lèvent à sa suite les hymnes fabuleuses
Qui iront étendant les lois de nos domaines
Jusqu’aux gouffres secrets par-dessous les tombeaux,
Où nos armées, unies, détrôneront la mort,
Arrachant à ses doigts tout ce qu’elle nous a pris ;
Nos lances perceront les brumes du matin,
Les hymnes berceront la peine et le chagrin,
Nos enfants lèveront de nouveaux lendemains,
Mais notre père est mort, je te prête mes mains.
Pierre-Adrien Marciset
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