La visée de la vue du ciel.

Être à Paris et traverser ces rues — mais surtout ces ambiances, c'est-à-dire ces épaisseurs esthético-formelles des couches de vécu traversées en ces lieux — me rend très pensif et m'amène à considérer bien des choses. La lumière parisienne n'est certes pas celle de Montréal — et je sens bien que la tranquillité de mon esprit dépend de mon insularité à Montréal, de cet exil qui, à force d'être forcené, devient un état de tranquillité dont la suspension me pousse à ne plus être chez moi qu'en exil. Je ressens cette même sérénité profonde à Lausanne — c'est un chez moi dont la disparition de la possibilité me rendra probablement malheureux lorsque cela finira par advenir. Et, simultanément, je n'imagine pas que cette disparition ne sera pas liée à l'ouverture d'un nouvel horizon de latences qui se donnent sous le régime des potentialités. Ma posture se mord la queue, mais c'est le propre d'un cercle qui doit devenir escalier en colimaçon et, ce faisant, exige de son spectateur qu'il passe en vue du ciel. 
 
Je dois radicaliser ma propension à voir du ciel. Il en va ainsi pour Paris, et mon rapport à l'espace-temps dans lequel j'évolue (ce qui implique bien des retombées ontogénétiques, dans le parcours quotidien du rapport au monde). Il en va ainsi de mes sœurs qui ne m'appartiennent pas et à qui je n'appartiens pas. Il en va ainsi de ma belle-mère qui décide de priver sa fille de l'argent de la vente de son appartement parce qu'elle ne veut plus venir vivre à Montréal et, donc, qui invente tout un tas de causes factices lui permettant de justifier, par des reproches aussi violents que parfaitement infondés, qu'elle préfère se racheter un autre bien en France plutôt que d'investir pour ses petits-enfants (investissement dont nous aurions payé, avec Camille, les traites pendant vingt ans). Je dois viser la vue du ciel. Cela me fait du bien de pouvoir surplomber ce que je suis dans cet élan que j'ai la faculté de me donner en regardant depuis le surplomb de Livingston — et je ne dois surtout pas perdre de l'idée que c'est fondamentalement cela que je suis. 
 
 

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