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Épinglé permanent.

Dans les nuées de neige du début du mois de décembre, où tout espoir a soudainement tout englouti.

Les choses ont beaucoup changé en quelques semaines — disons : en quatre semaines. Je ne pense pas nécessaire de parler du quotidien de mon emploi dans le secondaire qui, toutefois, concentre à la fois les avantages et les inconvénients relatifs à la modification majeure qui intervient sur la plupart des aspects de ma vie. J'ai beaucoup moins de temps qu'avant pour  songer , mais j'ai bien plus de temps actif pour penser, de sorte que ma pensée s'en ressent densifiée, plus complexe, plus  percutante  et peu patiente et, d'ailleurs, la démultiplication des projets universitaires porte la marque de cette réorganisation fondamentale de mon activité intellectuelle qui se regroupe derrière des compas qui n'indiquent plus l'étape d'après  en caressant un rêve, mais qui actualisent la nécessité d'une matérialisation. C'est toujours pareil :  moins on en fait, moins on en fait.  Où le corollaire immédiat est, bêtement :  plus on en fait, plus on en fait...

Jade, mon père, ou : La question du deuil, sous Teva-Lorazepam.

En théorie, nous voudrions toujours demander  plus de temps  à l'instance qui décrète que « c'est la fin », du moins lorsqu'il s'agit de la présence d'autrui auprès de soi. Qu'il s'agisse de quelqu'un qui meurt et dont l'indisponibilité soudaine nous est parfaitement insupportable, ou bien qu'il s'agisse d'un chagrin d'amour. Dans le second cas nous avons  néanmoins  la sagesse (ou la folie, parfois) de ne pas produire une absoluité de l'extériorité de la décision. Par exemple, je suis enclin à  accepter  les raisons que l'on m'oppose et qui justifient la rupture. Je suis en capacité raisonnable de les comprendre, quoique je puisse être en désaccord avec elles, ou, du moins, je puis ne pas comprendre certaines d'entre elles et, les trouvant injustes ou partiellement malhonnêtes, il n'en demeure pas moins qu'il m'appartient de respecter la décision de qui choisit de me quitter parce que, en définitive, je ne...

Crocmoue Marciset, 17 avril 2013-15 octobre 2025.

Crocmoue s'est éteinte ce soir, sur les genoux de Camille.     Douze ans et demi, pratiquement. Vaincue par une maladie rénale. Nous avons cru deux mois durant et dur comme fer qu'il ne s'agissait « que » d'une dépression. Nous lui avons demandé de se battre, de nous laisser l'aider et elle a fait preuve de bravoure. Deux centres vétérinaires se sont succédés. Le deuxième centre est quand même bien plus sérieux et soigneux que le premier. Nous avons rendu les armes, parce qu'elle nous le demandait à la fin, vraiment. L'acharnement thérapeutique est une forme de maltraitance. Elle s'endort dans la main de Camille, dans un câlin. Elle ne se réveillera plus jamais. Je n'ai aucun mot et je dois assurer la soirée des enfants qui sont tristes mais qui débordent de vie et pour qui la mort est une abstraction. Quatre ans et demi après la mort de mon père. Elle a été notre compagne, la gardienne des enfants, leur totem, notre lare et amie, elle a...

Lettre à propos de la mort, qui se résoud en définitive dans une Lettre à propos du Vivre.

À et pour Nicolas ,  suite à nos conversations sur la terrasse de tes parents, cet été.  C'est ma réponse   (trop tardive, peut-être ).    Le lettre que j'aurais voulu t'écrire le 9 octobre 2025, pour les trois ans d'Aurélien qui est aussi une  «  Lettre à Aurélien  », le filleul de Laura.     -    « La vie m'est devenue un amer breuvage que je dois cependant absorber comme des gouttes, lentement, une à une, en comptant. »  « Nul ne revient de chez les morts. Nul n'est venu au monde sans pleurer ; nul ne vous demande quand vous voulez entrer, quand vous voulez sortir. »  « On dit : le temps passe, la vie est un torrent, etc. Je ne m'en aperçois pas : le temps reste immobile, et moi aussi. [...] » Søren Kierkegaard,  Diapsalmata , Œuvres Complètes, Orante, t. III, p. 25.       « Quand tout se remue également, rien ne se remue en apparence, comme en un vaisseau. Quand tous vont vers le débord...

Demain, Aurélien aura trois ans.

Les choses avancent à toute vitesse et contempler ce petit bonhomme agir, s'exprimer et marcher d'une façon qui m'évoque directement les similitudes  — mais aussi  —  et immédiatement  — les différences  — avec son frère aîné de telle sorte que je sois capable de m'en souvenir, de faire la comparaison et de m'attendrir des deux voies distinctes mais puisant leur modèle affectif et intellectuel dans la communauté de vie que nous forgeons quotidiennement avec Camille, est une bénédiction inouïe dont j'ai pleinement conscience. Aurélien bénéficie de parents plus détendus et plus attentifs à sa liberté que n'a pu en jouir son grand frère et nous tâchons de rattraper le tir pour Mérovée, autant que possible, dans le soin de plaies dont nous sommes partiellement responsables. Sans ces deux petits bonshommes, je serai sur une flottille en direction de Gaza. Il n'y a rien qui pourrait me donner du sens dans mon existence, et ces deux garçons-là me permettent d...