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Affichage des articles du septembre, 2024

Pourquoi sommes-nous tous misogynes ?

Je ne prétends ni expliquer ici, ni encore moins excuser, l'attitude meurtrière des hommes, ni justifier la possibilité systémique et systématique des féminicides, des violences conjugales, des viols et de toutes les autres formes de maltraitances, sexuelles ou non, dont les femmes sont objectivement les victimes. La visibilité des crimes est une étape nécessaire et qui doit devenir la norme, implacablement, que le bourreau, le prédateur, l'homme responsable, ait été ou non un allié. Quelles que soient ses intentions.  Ceci étant écrit, après avoir été pesé et sans imaginer que je fasse exception, je me demandais comment il était possible que les femmes soient à ce point encensées dans les mythes masculins. Ces mythes dont on prétend qu'ils sont « humains » et qui, dès lors qu'il est question d'une femme, deviennent les parangons d'une importance dont les femmes sont pourtant toujours privées. Ces mythes qui saturent l'espace culturel, dans l'histoire de...

La phénoménologie du mot « papa ».

Que peut signifier le fait de réfléchir en phénoménologie à l'expérience du deuil, par exemple ? Bien entendu, toutes les lignes qui suivent sont écrites en pensant à mon père.   Que peut signifier, écrivais-je, que penser le deuil du point de vue phénoménologique ? Il s'agirait de la possibilité de se projeter dans l'usage du terme affilié à ce deuil, pour le sujet. Sortons immédiatement d'une quelconque emphase théorique et posons les mots sur les réalités pratiques de la performativité de la conscience. De même que, parent d'un jeune enfant, lorsque j'entends les larmes d'un jeune enfant, dans la rue, alors que je suis à ma table en train d'écrire, que mes deux enfants se trouvent chacun dans son espace dédié, l'un en CE1, l'autre en pré-maternelle (groupe des papillons, pour être précis), je suis instantanément saisi dans ma vigilance de parent, et je me préoccupe, mobilisé par le cœur même de mon empathie parentale, des possibilités de cha...

Des divinités au réel : que suis-je ?

Il arrive que je me réveille en ayant parfaitement conscience de franchir la porte qui me fait quitter mon ou mes rêves. Je ne reviens pas ici sur la réalité des songes, leur rapidité à l'échelle de l'économie d'une nuit de sommeil. Ce dont il m'importe de parler, et ce dont je crois avoir besoin de rendre compte, à moi-même, sur ce blog par exemple (mais c'est parce que j'attends les feutres noirs grâce auxquels je pourrai reprendre mes carnets personnels), c'est bel et bien la teneur de l'un de ces rêves. Le dernier en date, celui, même, de la nuit qui vient juste de terminer de se dissiper dans mon deuxième café de la journée. L'un de mes enfants dessine et recouvre une feuille d’autocollants, l'autre court partout parce que c'est de son âge. Je ne suis, du fait de ce rêve, ni disponible à l'un, ni disponible à l'autre. Je suis douloureusement absorbé dans cette nuit et ce rêve. Comme à chaque fois que ces trois ou quatre personnes...

À qui donc sont les dômes au loin du monde ?

 Je m’impatiente. Beaucoup de choses dans ma vie me désignent comme le prince, ou le seigneur, d’un monde dont je suis le centre et qui, cependant, me désespère par ses insuffisance ou sa médiocrité. Insuffisances et médiocrités glissent vite sous la coupe d’un pronom possessif à la première personne, et je m’accable lamentablement dans une sorte de léthargie sordide et coupable. Je ne me satisfais plus de cela, je me sens simplement comme encombré, comme les pieds pris dans une substance molle et lourde dont je n’ai pas le mode d’emploi. J’ignore comment m'en débarrasser et c’est pourtant toute mon existence qu’elle fige, cette substance, en me tirant vers la lourdeur de sommeils moroses qui n’ont aucun intérêt. Ni songes, ni regain de force ou d’espérance. Je suis simplement là dormant et me réveillant afin de pouvoir me rendormir. Et pourtant, je le répète, je sais bien que mon existence est plus que correcte. Je n’ai pas même besoin de comparer — si je comparais afin de m’...

Méditation non-cartésienne n°1

  Demandons-nous, peut-être, ce que vaut l’infini — ce qu’il vaut et ce qu’il menace. Dès lors pourrons-nous décider si la menace vaut bien la peine d’être endurée. Nous devrions débuter ainsi, avant même de choisir si l’infini est partie de nous, en tant que nous nous y promettons nécessairement, ou s’il est tout ce que nous pouvons être, en tant que nous pourrions nous anéantir en lui. Avant même de nous demander ce qu’il est, car la tâche est trop grande, demandons-nous, je crois, ce qu’il vaut et ce qu’il contient. Nous pouvons difficilement nier son existence en nous, son ancrage, ce que d’aucuns philosophiques ont appelé être jeté sur le chemin (de l’existence), sans autres repères que ceux que nous nous façonnons à la patience de nos blessures. D’autres ont parlé de la métaphore marine — le « vous êtes embarqué » pascalien, si précieux à Blumenberg — et là encore il est question d’une trajectoire. Peu importe qu’il s’agisse de viser un point de chute ou d’arpenter...