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Affichage des articles du janvier, 2022

Pour le soleil des landes [30 septembre 2019].

Oh toi, Qui as vu le soleil sur les landes Arrête-toi Et décris-moi. J’ai descendu des falaises de marbre Et les orages d’acier Ont tonné par-delà les herbes hautes J’ai descendu depuis loin Pour contempler la mer se déchaîner Mais je n’ai pas vu la blondeur Du soleil sur les landes. Solennelle contrée dont les craies sont célèbres Comme des perles de dents Qu’un sourire éclatant Saisit sous le soleil des gros orages bleus, Je t’aimais bien tu sais Mais j’ai croisé la route qui a vu le soleil des landes Et je veux y aller. Oh toi, Qui a couru pieds nus sous le soleil des landes Aux broderies de pourpres qui croisent au matin Le rose avec l’argent d’une lune tardive, Et le sang qui s’épanche en lignes d’escalier Comme une flaque Paresseuse et lourde sur la ligne du monde, Toi, Dis-moi quel bruit font les blés sous le vent Sous le soleil des landes quand il s’éteint, Doucement, Avant le chant des oiseaux colorés Qui ne chantent qu’au soir des landes, Oh toi, s’il-te-plaît, Aux cheveux d’...

Oraison funèbre Jacques-Marie Marciset [18 octobre 2020].

  Jacques-Marie Marciset n’est plus, et je ne lui ai jamais dit ou écrit que je l’aimais. J’espère que les mots détournés par lesquels je lui exprimai mon affection et ma dévotion, ces dix dernières années, auront suffi à ce qu’il l’entende. Voici quelques uns de ces mots, rassemblés pour son dernier séjour.     La mort frappe chaque homme et chaque femme à sa manière, et chacun montre ce qu’il peut. Que ceux qui peuvent pleurer pleurent ; que ceux qui peuvent se souvenir se souviennent ; et que ceux qui peuvent écrire écrivent. Tous, nous ressentons l’absence et tous, nous devons endurer le silence de celui qui, si longtemps, fut tout autour de nous. Il existe de nombreuses traditions poétiques pour exprimer toutes les façons possibles de traverser ce qui constitue l’épreuve de cette disparition ; et beaucoup des plus rationnels parmi tous les types d'esprits du monde vacillent dans leurs certitudes à ce seuil terrible et sacré. Depuis longtemps, pourtant, nous célé...

Tides's nights [15 novembre 2020].

 Tides's nights No wind on the vessel But the singing tide just take away the blossomed aurore that we risk to find every time Not wind on the vessel that we risk to find every time whisper to us : "There is no wind No wind for us, Only the begining of the surf of the tides and the dawn approaching with its fangs full of flames Scares us scares us. There is no wind No wind to wrap our benches nothing but torn hope of a night without wind in the sails of a night in the cradle of the stars, where the deep ocean in turn drapes milky night, soft velvety black water studded with stars There is no wind for us, Only the begining of a moan, Of the moaning tide. »  Pierre-Adrien Marciset

D’argent, au dragon de sinople langué [8 février 2021].

  «  D’argent, au dragon de sinople langué, armé et nimbé de gueules, À la bordure de sable chargée de cinq étoiles d’or brochant sur le tout  » I Sur les dix océans et sur toutes nos terres Qui succèdent à mille et tant d’horizons, Vois s’étendant l’ombre lente et silencieuse Quand l’océan des tombes sera son dernier lit L’auguste roi n’aura pas tenu nos domaines : Si tôt mais déjà passé dans l’ombre du monde ; Et de nos seigneuries, les maisons silencieuses Se tiennent à jamais sur le seuil de l’ébène J’aurais bu tout le vin, de ma joie, de ma peine, Et je veux ramasser toutes mes énergies Pour que brûlent toutes les torches silencieuses ; Mais le fils que je suis est un père à son tour Et le père que je suis doit entourer d’amour Le fils que j’ai été, et mon fils qui est Doit apprendre à aimer avant de me pleurer ; Il devra pour cela contempler son grand-père Le roi, et son arrière-grand-père, le roi, Dans les yeux par lesquels je le regarderai ; Nos tours de cathédral...

Un antique dialogue pour les rares non-malvoyants [Printemps 2021] [Politique].

 À tous nos crépuscules, ô nous qui festoyons Un antique dialogue pour les rares non-malvoyants De et avec Alice Hissolium       Acte I Une sale histoire (de manche de saucisse(s)) - Plût au lecteur que je dévoile en guise d’introduction (comme on s’affaire pour retirer son pardessus et secouer son parapluie lorsqu’on pénètre le vestibule d’une amie chère), un petit Kochgeheimnis, un « secret de cuisine » de littérature, pourtant bien connu. Le présent dialogue est en fait plus près de la réalité que ce qu’en a rapporté dans son propre ouvrage mon grand ami Lui, à peu près inconnu au bataillon aujourd’hui, hélas. Passé l’arme à gauche, permettez-moi l’expression roturière, voici quelques temps, il m’avait pourtant honorée toute sa vie durant de son amitié et de certains dialogues particulièrement savoureux dont il avait le secret. Dans son livre, il rapporte certains faits, mais je confesse volontiers au lecteur qu’il en invente cinq lorsqu’il en confie un...

« Mon père, mon père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » [07 février 2021].

  « Mon père, mon père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Quelqu’un a secoué l’Enfer — cette immense cuve que je parcoure d’aussi loin que je me souvienne. Quelqu’un a fait trembler le sens de ses lignes, et la terrible enclave dans laquelle je marchais et marche encore, sa forme, est brouillée. Est-ce un début ? Est-ce une fin ? Je ne sais plus où regarder, que faire ni comment le faire, que poursuivre, et pourquoi. Je sens la peine infinie qui me contient, et je devine ce qu’elle est, mais j’ignore comment la porter. Marcher — à quoi bon ? Fuir ; c’est-à-dire ? Je ne sais comment me défaire de ce qui m’alourdit, je cherche mes vieilles façons de me débarrasser de fardeaux plus légers — que je pensais ultimes — mais ce qui m’écrase ricane de ces expédiants dérisoires. Comment imaginer qu’un homme pouvait connaître une douleur plus grande que celle d’un chagrin d’amour ? Ce n’est plus un deuil, aujourd’hui c’est une apocalypse. « Mon père, mon père, pourquoi m’as-tu aba...

La dernière lettre à mon père [1er février 2021].

La dernière lettre à mon père   «  Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons ! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !  » Charles Baudelaire,  Le Voyage   Je suis seul, et triste, et il n’y a rien qui puisse me consoler de ta mort. Rien ne pourra jamais m’en consoler, je le sais déjà, je n’ai pas eu besoin qu’on me l’écrive pour le savoir déjà, et quand on me l’a écrit, le savoir a rendu la lecture plus terrible encore. Je savais bien qu’un jour il me faudrait parcourir seul ce chemin, mais le savoir et le vivre sont deux choses très différentes et j’aurais préféré continuer à le savoir encore sans avoir à le vivre déjà. C’est un peu comme une pe...

Dialogue au parc [21 juillet 2021].

   Dialogue au parc   — Ne te retourne pas, non, reste tourné vers le lac, continue de contempler les gens, et la lumière sur l’eau. — Cette voix… — Oui, c’est précisément la raison pour laquelle tu ne dois pas te retourner. Si tu me regardes, je disparais. C’est comme ça. — … — Comment vas-tu, jeune homme ? — … un peu difficile depuis que tu es décédé. Et je manie l’art de la litote. — Oh, mon grand, il ne faut pas. Tu as de belles choses à vivre et de beaux moments à partager avec ton propre fils, et Camille, aussi. — Tu auras à peine rencontré mon fils, il était si jeune. — Je suis en toi ; ne me l’as-tu pas écrit ? Et tu seras en lui à chaque fois que je sera en toi, nous nous superposons les uns aux autres. — Je ne sais pas ce que je vais devenir, tu sais. Je fais de gros effort pour ne pas m’effondrer en larmes à chaque détour de la ville. — Une très jolie ville, d’ailleurs. — Oui. — Est-ce que tu l’aimes ? — Oui. Beaucoup. Elle est très différente de tout ce que tu...